Le vendredi 28 février 2025 s’est ouverte la 50e Cérémonie des César sur la scène mythique de l’Olympia à Paris. Deux jours après, le Dolby Theater de Los Angeles accueillait la 97e cérémonie des Oscars. Deux occasions de célébrer le cinéma en récompensant les films marquants de l’année 2024 mais également de rappeler le contexte politique international.
L’actrice française Catherine Deneuve, présidente de la 50e Cérémonie des Césars (source : Vanity Fair)
Si l’on a souvent reproché aux acteurs d’être déconnectés du monde réel, l’Olympia et le Dolby Theater furent, fin février, le théâtre de discours enflammés sur l’état du monde. Au cœur de ces cérémonies : dénonciation de la guerre à Gaza, en Ukraine et piques plus ou moins voilées à Donald Trump.
« Je déclare ouverte la 50e cérémonie des Césars et je la dédie à l’Ukraine » (Catherine Deneuve, présidente de la Cérémonie des Césars)
Deux jours après la rencontre houleuse de Volodymyr Zelenski et Donald Trump, la guerre en Ukraine fut un thème que plusieurs discours abordèrent. Que ce soit en France ou aux Etats-Unis, les messages de soutiens furent nombreux. L’actrice Daryl Hannah, au moment de remettre l’Oscar du meilleur montage, entra notamment sur scène avec un « Slava Ukraine » (Gloire à l’Ukraine). Avec plus de subtilité, le réalisateur Conan O’Brien a également lancé une pique au président américain en évoquant le fait que les Américains étaient « ravis de voir quelqu’un s’opposer enfin à un Russe puissant », visant la récente proximité entre D. Trump et Vladimir Poutine. Du côté de la métropole, Catherine Deneuve, un drapeau de l’Ukraine épinglé à sa robe, dédia cette 50e Cérémonie des Césars à l’Ukraine.
No Other Land, un discours pour la fin du nettoyage ethnique en Palestine
La guerre en Ukraine ne fut pas le seul conflit à susciter l’émotion du monde cinématographique. Nombreuses furent les références au conflit à Gaza que ce soit dans les prises de paroles ou les films nominés et récompensés le week-end dernier. Le films américain No Other Land, dénonçant la colonisation israélienne en Cisjordanie, reçut notamment l’Oscar du meilleur film documentaire. Son réalisateur palestinien Basel Adra, ému prononça un discours plein d’espoir pour le futur des Gazaoui en souhaitant que jamais sa fille n’aie à « vivre la vie que je vis, avec tant de violence, tant de destruction de maisons ». La réalisation de ce film de ce film fut partagée par son collègue israélien Yuval Abraham. Cette récompense fut violemment remise en cause par Miki Zohar, ministre israélien de la Culture qui, sur X, qualifia ce discours d’une « diffamation d’Israel comme un outil de promotion internationale ». Du côté de l’Olympia, le documentaire La Belle de Gaza fut nominé, sans recevoir de prix.
« Je ne vais rien dire sur l’état du monde, les guerres partout dans le monde, cette sensation nauséabonde de fin de démocratie ici et là » (Vincent Macaigne)
De manière générale, ce fut un contexte général pesant qui fut pointé du doigt par les cinéastes tant français qu’américains face à la montée de l’extrême droite à l’échelle planétaire. Alors que Costa- Gavras dénonçait l’attaque d’une association de travailleurs immigrés à Paris quelques jours plus tôt, Abou Sangaré couronné par le César de la meilleure révélation masculine, évoquait son difficile parcours pour obtenir la nationalité française entre 2017 et 2023. De l’autre côté de l’Atlantique, si Donald Trump ne fut pas explicitement nommé une seule fois, sa présence se fit ressentir dans plusieurs discours. Ainsi, l’actrice Zoe Saldana récompensée par l’Oscar de la meilleur actrice de soutien rendit hommage à sa grand-mère dominicaine émigrée aux Etats-Unis dans les années 1960 face à une administration Trump anti-immigration.
Abou Sangaré, Meilleur espoir masculin pour L’Histoire de Souleymane (Source : Allo Ciné).
Des cérémonies morbides ?
Il n’en reste pas moins que ces deux cérémonies furent critiquée, notamment sur les réseaux sociaux par de nombreux internautes. Les discours politiques furent jugés pesants et leurs orateurs, hypocrites de les tenir. D’autres encore estiment que l’essence même du cinéma et de faire oublier le contexte dans lequel nous vivons, et regrettent que celui-ci soit sans cesse évoqué dans un moment de célébration cinématographique.
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