Depuis les attaques du 7 octobre, le Hamas et Israël se livrent à une véritable guerre de l’information. Israël diffuse notamment en France et aux États-Unis, par le biais des réseaux sociaux et de spots publicitaires, de nombreuses vidéos appelant à soutenir l’État hébreu. Cette « communication politique » ou « propagande israélienne » est désignée par le terme hasbara.

© Ronen Zvulun, AP

La hasbara : stratégie de communication d’Israël

La hasbara, qui signifie littéralement « explication », est un terme apparu au sein du mouvement sioniste. L’objectif initial était de lutter contre l’antisémitisme en diffusant des informations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, afin de mieux faire comprendre le monde hébraïque, l’État d’Israël, et, plus largement, l’identité juive. Selon certains penseurs sionistes, une implantation juive en Palestine souffrait d’une mauvaise perception et d’une image négative, « un malentendu » qui pourrait être rectifié grâce à la hasbara. Alors qu’Israël présente cette stratégie comme une forme de communication diplomatique, d’autres la considèrent comme de la propagande. Aujourd’hui, la hasbara est utilisée pour tenter de justifier les représailles sur Gaza depuis le 7 octobre et inciter la communauté internationale à soutenir Israël.

La hasbara dans le conflit israélo-Hamas

Depuis le 7 octobre, différentes campagnes de communication ont été mises en place par la diplomatie israélienne. La première a eu lieu quelques jours après l’attaque du Hamas. À ce moment-là, l’armée israélienne a décidé de montrer à des journalistes internationaux un montage de plus de 40 minutes d’images du massacre de la rave. Frédéric Métézeau, ancien correspondant de Radio France à Jérusalem, estime que l’armée israélienne « veut susciter la compassion mondiale », car « elle sait que des images de Gaza vont à leur tour inonder les réseaux sociaux ». Israël chercherait ainsi à provoquer l’émotion et à légitimer son offensive sur Gaza.

L’État hébreu aurait également dépensé sept millions de dollars, dont quatre millions exclusivement en France, dans des spots publicitaires. Ces vidéos, d’une durée de quelques minutes, apparaissaient dans des publicités sur YouTube ou dans des jeux vidéo comme Angry Birds. Elles montraient des images des attaques du 7 octobre, suivies du texte : « Le Hamas, organisation terroriste vicieuse, a assassiné plus de 1 300 innocents israéliens », puis : « Soyez du côté d’Israël. »

Il y a quelques mois, un nouveau spot publicitaire développé par la diplomatie israélienne a été diffusé sur des sites de streaming aux États-Unis. Une vidéo montrait des enfants jouant sur la plage, des gens dansant en boîte de nuit, des marchés rappelant les souks marocains et des hôtels de luxe évoquant Dubaï… On y vantait les mérites d’un lieu paradisiaque, idéal pour le tourisme. Puis, un texte apparaissait : « Voilà à quoi Gaza aurait pu ressembler sans le Hamas. » Les images paradisiaques étaient ensuite remplacées par des scènes de guerre, de soldats lourdement armés, reflétant une réalité plus proche de la bande de Gaza. Cette vidéo a été réalisée par les autorités israéliennes, avec l’aide notamment de l’intelligence artificielle, afin d’expliquer ou de faire croire que le seul coupable de ce qu’il se passe à Gaza est le Hamas.

La hasbara pourrait être l’un des facteurs expliquant le traitement exceptionnel dont bénéficie Israël, notamment aux États-Unis. Cependant, dans cette guerre de l’information, le Hamas diffuse également des images en sa faveur, cherchant à se présenter comme un résistant victime de l’État hébreu.

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