L’élection présidentielle du 28 juillet 2024 a plongé le Venezuela dans une crise diplomatique, opposant un pouvoir contesté à une opposition revendiquant la victoire. Tandis que Nicolás Maduro consolide son autorité, le pays fait face à un isolement croissant. En réponse, Caracas renforce ses alliances avec des régimes autoritaires pour préserver son influence.

Un résultat électoral contestée

L’élection présidentielle du 28 juillet 2024, marquée par de vives contestations, a profondément divisé le Venezuela. Alors que l’opposition, représentée par Edmundo Gonzalez Urrutia, revendique une victoire nette avec plus de 60 % des voix (selon la fondation Carter), Nicolás Maduro a été déclaré vainqueur par le Conseil national électoral (CNE). Ce dernier a justifié sa proclamation en invoquant un supposé piratage du système électoral, une affirmation que la fondation Carter a jugée infondée.

Maduro, réinvesti pour un troisième mandat, a annoncé une série de réformes constitutionnelles censées « élargir la démocratie » et instaurer un « gouvernement communal ». Ces mesures, selon l’opposition, visent à retirer le pouvoir aux élus locaux et à centraliser davantage le contrôle politique. La principale coalition d’opposition, Plataforma Unitaria Democrática, dénonce un « coup d’État » institutionnel et appelle à la reconnaissance d’Edmundo Gonzalez Urrutia comme président légitime.

La réforme constitutionnelle, confiée à une commission présidée par le procureur général Tarek Saab, ambitionne de redéfinir les bases économiques et sociales du pays. Toutefois, les critiques affirment que ces modifications cherchent surtout à éliminer l’opposition, consolidant ainsi un modèle de gouvernance autoritaire inspiré de Daniel Ortega au Nicaragua.

Une crise diplomatique qui isole le Venezuela

Le caractère contesté de l’élection a rapidement engendré une crise diplomatique majeure. Les États-Unis, l’Union européenne et plusieurs pays latino-américains ont dénoncé l’investiture de Maduro comme illégitime. Washington a qualifié le scrutin de « simulacre » et imposé de nouvelles sanctions économiques, accompagnées d’une récompense de 25 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation de Maduro.

En réponse, Caracas a réduit drastiquement la présence diplomatique de pays européens tels que la France, les Pays-Bas et l’Italie, limitant à trois le nombre de diplomates autorisés et restreignant leurs déplacements. Cette décision a provoqué une vive réaction des Pays-Bas, qui ont appelé à une réponse coordonnée au sein de l’Union européenne.

Sur le plan régional, la situation reste tendue. Le Venezuela a fermé sa frontière avec la Colombie, dénonçant un supposé complot international. Parallèlement, des ONG et des organisations internationales, comme l’ONU, continuent de réclamer la libération de prisonniers politiques, dont le nombre a augmenté depuis l’élection.

Un rapprochement stratégique avec d’autres régimes autoritaires

Isolé par les démocraties occidentales, Nicolás Maduro s’est rapproché de régimes partageant une vision politique similaire. Lors de son investiture, il a reçu le soutien explicite de Daniel Ortega, président du Nicaragua, et de Miguel Díaz-Canel, président de Cuba. Ce rapprochement s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer les alliances avec d’autres gouvernements autoritaires.

Le modèle de Daniel Ortega semble particulièrement inspirer Maduro. L’ancien ambassadeur nicaraguayen Arturo McFields résume la situation ainsi : « Maduro a tenté d’organiser des élections à la manière de Hugo Chávez, porté par la ferveur populaire. Face à l’échec, il a adopté le modèle d’Ortega : voler une élection et persécuter les opposants. »

Le soutien de la Russie et de la Chine illustre également cette stratégie. Vladimir Poutine a félicité Maduro pour sa réélection, consolidant leur alliance. Ces appuis internationaux permettent au Venezuela de limiter les effets de son isolement diplomatique, mais ils risquent d’aggraver les tensions avec les démocraties occidentales.

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