« Un nouvel Âge d’or », promesse d’une renaissance des États-Unis d’Amérique, c’est sur ce credo tantôt libéral tantôt conservateur que Donald Trump s’est fait élire pour une deuxième fois à la tête de la première puissance mondiale, avec une nette majorité le 5 novembre 2024. « Aux États-Unis, l’impossible est ce que l’on fait de mieux », se dit fièrement le président nouvellement élu. Mais de quels impossibles parlons-nous exactement ? Entre changement climatique, crise économique, guerre budgétaire, conflits palestinien et ukrainien, tant de questions auxquelles Donald Trump, en messie américain pour nombre de ses électeurs, prétend apporter une solution. Oui, tant d’impossibilités qu’il se promet de résoudre en un claquement de doigts. Un mois après son investiture officielle, étayons les premiers pas de l’administration du 47e président.

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Avant toute chose, comprenons sa victoire. Élu avec une majorité tranchée et remportant 312 grands électeurs contre 226 pour sa rivale, la candidate démocrate Kamala Harris, et malgré des sondages qui annonçaient un vote serré, le candidat républicain s’impose en remportant notamment les 7 États pivots, les « Swing States » traditionnels, dès la première journée. Dans un contexte inflationniste, économique et politique extrêmement incertain pour l’avenir américain, Donald Trump a mené une campagne intensive de 900 meetings, essayant de toucher une large partie de la population. La campagne électorale de 2024 a été marquée par des événements forts : en premier lieu, sa double tentative d’assassinat ayant défrayé la chronique, façonnant à Trump un statut de martyr.

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Mais également le retrait tardif de Joe Biden, ancien président en exercice, qui porte préjudice au camp démocrate, et des débats de campagne montrant un Trump plus apaisé, ainsi qu’une nette victoire du colistier républicain James David Vance, figure de la droite conservatrice américaine, contre Tim Waltz. C’est ainsi que, pour la première fois en 20 ans, un candidat républicain a remporté le vote populaire avec 75 millions de voix contre 72 millions pour Harris. Victoire triple, car accompagnée d’une majorité au Congrès, notamment au Sénat (53 sur 100) et à la Chambre des représentants (218 sur 435), assurant le contrôle du pouvoir législatif.

Le jour de sa seconde investiture, le 20 janvier 2025, le président nouvellement élu prête serment. Le lendemain, ce sont près de 26 décrets présidentiels qui sont signés. Si l’on peut s’en étonner, ce n’est pas isolé dans la pratique du pouvoir du président de la Maison Blanche. Joe Biden a signé 15 décrets le jour de son investiture, et 19 pour Barack Obama lors de ses 200 premiers jours en tant que président. Cependant, ce qui peut surprendre, c’est leur contenu : retrait des accords de Paris sur le climat, retrait de l’OMS, fin du droit du sol pour les enfants nés de parents non citoyens américains ou résidents permanents, ou encore une grâce présidentielle auprès de 1500 inculpés pour l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Népotisme, conservatisme et isolationnisme : l’axe Trump semble ainsi clairement se dessiner.

Photo officielle du président élu Donald J. Trump – © Daniel Torok

Mais au-delà de ça, c’est également un grand nettoyage au sein même de l’administration américaine qui s’annonce. Donald Trump, qui promettait de « démanteler la bureaucratie gouvernementale« , se distingue par la création d’un département dédié à l’efficacité gouvernementale. Bien qu’annoncé alors fraichement élu le 12 novembre dernier, c’est le multimilliardaire sud-africain Elon Musk qui est désigné à la tête de celui-ci. Figure majeure de la campagne de 2024, Elon Musk fut qualifié de principal atout du candidat, Trump le désignant, lui et son département, comme « cadeau parfait à l’Amérique ».

Photo-Illustration: Intelligencer; Photos: Dimitrios Kambouris/Getty Images for The Met Museum/Vogue; Scott Olson/Getty Images

C’est également le limogeage du directeur du FBI, Christopher Asher Wray, le 20 janvier dernier, le FBI étant devenu la catharsis des critiques des électeurs républicains par suite des poursuites contre Donald Trump entre 2021 et 2024.Les premières semaines de Donald Trump en tant que président des États-Unis en 2025 ont été marquées par une activité frénétique et des actions controversées, notamment en matière d’immigration, sa croisade de toujours. Non loin de sa volonté de faire du BTP à la frontière, il a montré sa nette volonté de mettre fin au Jus soli, au droit du sol, protégé par le XIVe amendement de la Constitution américaine, mais également par l’arrestation de près de 538 « migrants criminels illégaux » et l’expulsion de centaines d’autres. Cette campagne massive « anti-immigration » a été cependant l’un des axes majeurs de sa campagne présidentielle, près d’un tiers de son électorat (29%) avouant voter pour le candidat républicain en raison première de sa fermeté sur la question immigratoire.

Sans compter également ses volontés impérialistes qui ne sont plus voilées : annexion du Groenland, faire du Canada « le 51e État », contrôle absolu du canal de Panama (axe commercial majeur), ou encore un projet de faire de la bande de Gaza « une Côte d’Azur du Proche-Orient » se révèlent être tant de projets semblant hésiter entre promesses démagogiques ou velléités impérialistes. Entre Charybde et Scylla, les contours du mandat présidentiel à venir semblent ainsi posés.

Se pose donc un constat : si les actions du président Donald Trump nous semblent contestées, voire problématiques de l’autre rive de l’Atlantique, il n’en demeure pas moins qu’il fut élu sur des promesses qu’il a à cœur d’exécuter. Lassitude américaine et volonté réelle de changement, ou désinformation massive ? Il est bien trop tôt pour réellement s’interroger sur l’actuel résident de la Maison-Blanche. Mais s’il promettait de résoudre tous les problèmes de l’Amérique en un claquement de doigts et de créer une nouvelle utopie, prudence : la frontière avec la dystopie est parfois étroite.

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